Lettre du pré n°3

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Globale et locale : chaque décision compte !

Ce samedi 12 mars, des marches pour le Climat sont organisées dans toute la France. Nous choisissons ce jour pour manifester à 11h devant la mairie, et rappeler au maire que chaque décision compte pour lutter contre le réchauffement climatique.

Quoi ? Il y a un rapport entre le petit pré de la Tournelle et le réchauffement climatique ? Oui. Et ce n’est pas (que) nous qui le disons.

Le pré n’est pas la forêt amazonienne. Les villes ont depuis toujours vocation à grandir. C’est un fait. Mais si la loi “Climat et résilience” d’août 2021 inscrit la lutte contre l’artificialisation des sols dans les grands objectifs de l’urbanisme, ce n’est pas une coïncidence fortuite avec la crise climatique. A l’échelle globale comme locale, chaque espace naturel compte pour l’avenir et doit être inscrit dans une gestion durable du territoire et du vivant.

Ça chauffe !

A l’échéance 2060-2100, le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC) prévoit une augmentation moyenne de la température terrestre de 5°C.

Face aux épisodes caniculaires en ville plus nombreux, les parcs, promenades plantées, jardins et toitures végétales sont des « climatiseurs urbains ». On connaît le rôle des arbres, qui font de l’ombre et rafraichissent par un processus d’évapotranspiration. On sait moins que l’herbe refroidit son environnement entre autres par une évapotranspiration très efficace. Selon Howard Wood, écologue britannique, les températures au-dessus des surfaces engazonnées, un jour ensoleillé d’été, sont de 6 à 9°C plus fraîches qu’avec du béton ou de l’asphalte.

Savez-vous que la région Ile-de-France soutient financièrement les territoires qui créent des îlots de fraîcheur pour faire face aux épisodes caniculaires ? La réponse est ici.

Stock de carbone

Le GIEC rappelle aux décideurs que les stocks de carbone sont plus importants dans le sol que dans la végétation et que tout changement d’affectation d’un sol peut fortement modifier ses capacités de puits carbone et d’émissions de carbone.

Là aussi, les sols naturels des prairies, comme ceux des forêts, sont précieux.

Inondations

La fréquence des épisodes de pluies extrêmes a doublé depuis la fin du XXe siècle. L’imperméabilisation des sols par les constructions et leurs voies d’accès empêche l’eau de s’infiltrer dans le sous-sol et favorise les inondations. Les experts du climat recommandent de préserver et développer les surfaces naturelles et les végétaux qui contribuent au cycle de l’eau.

Le pré est vivant

Un élu nous a dit que le pré n’avait aucun intérêt environnemental. S’il est rare d’y croiser des pandas, cette prairie urbaine rassemble une flore certes banale mais diversifiée (dactyle aggloméré, flouve odorante, fromental, gaillet mou, pâturin commun, pâturin des prés, plantain lancéolé, trèfle des prés, avoine folle, chénopode blanc, coquelicot, fumeterre officinale, mouron rouge, mouron bleu, matricaire, pois de senteur des haies, et bien d’autres…).

Elle attire le cortège des espèces du milieu bâti : les mésanges bleue, charbonnière, à longue queue, la fauvette grisette, le pigeon ramier, le rouge queue noir, le pic vert, le pic épeiche, le geai des chênes, et bien d’autres. On peut ajouter les insectes, le petit monde souterrain des verset des bactéries, et tout ce qui fait un petit écosystème banal mais précieux, qu’on ne regarde pas et ne considère guère à force de vivre à côté.

En résumé, ici comme ailleurs, l’artificialisation provoque :

  • l’accélération de la perte de biodiversité : la transformation d’un espace naturel en terrain imperméabilisé modifie considérablement ou fait disparaitre l’habitat des espèces animale ou végétale de cet espace naturel.
  • le réchauffement climatique : un sol artificialisé n’absorbe plus le CO2. Un sol artificialisé participe donc à la hausse du réchauffement climatique.
  • l’amplification des risques d’inondations : un sol imperméabilisé n’absorbe pas l’eau de pluie (c’est une lapalissade, désolée). En cas de fortes intempéries, les phénomènes de ruissèlement et d’inondation sont donc amplifiés.

L’objectif Zéro artificialisation nette s’inscrit dans les objectifs de développement durable de l’ONU (ODD 15) et la «feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation des ressources» de… 2011. Il est temps d’en prendre la mesure à tous les niveaux.

A bientôt pour des nouvelles fraîches du pré…